mardi 13 octobre 2009

Poitiers: prison ferme avec mandat de dépôt pour trois personnes


Poitiers les meneurs absents les pauvres bougres à la barre



Maurice BONTINCK

Moi, je n'y suis pas allé. Je savais que ça pouvait déraper.» Cet étudiant en géographie est venu hier devant le palais de justice soutenir un de ses amis interpellé samedi à la fin de la manifestation qui a dégénéré à Poitiers. Pas le genre à casser du flic, mais plutôt à mener les luttes étudiantes «non violentes». «Mais là, j'ai su par internet que des Totos venaient d'Italie pour casser.» Des quoi? Des «Totos», comme «autonomes». Ces groupuscules qui prônent la violence, le plus souvent à l'occasion de grands rassemblements. En Italie ou en Grande-Bretagne, on les appelle les «Black Blocs».

Sauf que là, c'était à Poitiers, au milieu d'un festival familial, avec en plus une manifestation contre le transfert des prisonniers de Poitiers vers leur nouveau site de Vivonne (lire CL d'hier). A priori sans risque. En tout cas pour les forces de l'ordre qui ne s'attendaient certainement pas à se faire tirer dessus aux fusées de détresse. Et encore moins à recevoir dans leurs locaux le ministre de l'Intérieur lui-même deux jours plus tard. «Pourtant, quand j'ai dit le dimanche à mon fils qui habite à l'autre bout de France que Poitiers avait été saccagé, il m'a répondu qu'il le savait avant même la manifestation: il l'avait lu sur des blogs sur le net», raconte l'avocat d'un des neufs prévenus jugés en comparution immédiate. Dans le même temps, des voix politiques s'élèvent, à gauche comme à droite, pour s'interroger sur le manque de renseignement de la police nationale.

Des prévenus

sans passé judiciaire

L'audience d'hier devait être la réponse «dure et sévère» comme le réclamait Brice Hortefeux lui-même (lire ci-dessous). Elle a surtout permis de voir que la police a été prise de court et que ses filets n'ont attrapé pour le moment que de tout petits poissons. Le procureur Pierre Sennes l'a reconnu lui-même à plusieurs reprises en précisant notamment qu'une information judiciaire venait d'être ouverte pour «provocation à un attroupement armé». «Je suis préoccupé par l'organisation de cette manifestation.»

Qui est cette «organisation»? Les prévoyants qui ont amené en plein milieu de la manifestation samedi un Caddie rempli de bombes artisanales, de fusées nautiques pour viser la police ou encore de bombes de peinture pour inciter à mettre le «feu aux banques, feu aux prisons». Ce sont aussi les diffuseurs d'un tract très précis «pour se sortir de la sale galère de la garde à vue». Ce sont également les insaisissables, capables de se volatiliser aussi vite qu'ils ont surgi pour provoquer «une véritable émeute et une impression de dévastation», résume encore Pierre Sennes.

Pas le profil en tout cas de Patrick, Nathalie, Serge, trois des neufs prévenus qui ont défilé les uns après les autres jusque tard hier soir en comparution immédiate. Ils ont tous un casier judiciaire vierge quand ils se présentent à la barre. Bien sûr, ils ne sont pas là par hasard. L'un a lancé une pile ronde en direction de la police. L'autre a donné un coup de bâton dans une agence bancaire. La troisième a ramassé des bombes de peinture, restes du saccage pour les mettre dans son sac. «J'ai appris en garde à vue que j'avais pris aussi des feux de détresse!» dont le transport est un délit. Ils n'ont jamais amené les objets délictueux sur les lieux.

«Tout ça est calculé par les vrais responsables qui ne sont pas là et qui utilisent la détresse sociale de pauvres bougres», plaide l'avocat Me Philippe Brottier. A chaque fois, leur histoire est peu ou prou la même. Un passé ou un présent de marginal, comme Serge, 37 ans, qui vient d'avoir un appartement après des années dans la rue. «Dans une démarche d'insertion», dit l'enquête sociale malgré son problème avec l'alcool. Une volonté de manifester sans en découdre, mais à chaque fois un effet d'entraînement. «On m'a donné une pile ronde, mais je ne peux pas vous dire qui c'était dans la foule», explique Patrick, 51 ans. Il l'a lancée en direction de la police. Lui n'avait pas de cagoule. Il s'est fait reconnaître par le commissaire quelques heures plus tard. «Ils se retrouvent dans quelque chose qui les dépasse», résume Me Jean Damy.

Les peines requises par le procureur les «dépassent» aussi. Six mois ferme pour le coup de bâton dans la vitrine: «Une infraction purement matérielle !», explique Me Damy. Dix mois ferme et huit avec sursis «pour une pile ronde en cinquante ans!», lancera Me Brottier à propos de son client au casier également vierge.

Les avocats de la défense ne peuvent s'empêcher de voir la demande ferme du ministre Hortefeux «tentant d'exercer une espèce de pression» par sa venue et ses déclarations, à quelques mètres du palais de justice et quelques minutes avant le début de l'audience.

Tard hier soir, le tribunal n'avait toujours pas rendu ses jugements. En attendant, on sait déjà que la police sera sur le qui-vive samedi à Rennes. Une «manifestation de soutien aux luttes de l'Ouest» est organisée. L'affiche est encore visible sur une cabine téléphonique, juste à côté des vitres cassées de la boutique Bouygues. Là où un salarié a été blessé samedi.





JUSTICE DE CLASSE , INJUSTICE DE MASSE !



Bésitos à toutes et tous



Eric Bloggeur


PS : "TOUS A LA BASTILLE" C'est notre seule chance

Aucun commentaire: